Il existe, dans le Rite Écossais Ancien et Accepté, trois degrés qui ne furent, sans doute depuis le tout début du XIXe siècle, que communiqués. Les récipiendaires n’entendaient que l’énoncé d’un bref résumé qui n’a eu, trop souvent, que peu de rapport avec la réalité des degrés.Il s’agit du XXIème degré de Chevalier Prussien, du XXIlème degré de Chevalier de Royale Hache et du XXVème degré de Chevalier du Serpent d’Airain.Apparemment, ce sont des degrés bien ordinaires, construits autour de légendes tirées de l’Ancien Testament, la tour de Babel, les arbres coupés pour construire l’arche de Noé ou le temple de Salomon, les “serpents ardents” punissant les Hébreux de leurs péchés dans le désert du Sinaï...Pour certains Maçons du XIXe siècle, ces degrés semblaient si anodins et si quelconques qu’il leur a semblé légitime de substituer aux légendes originelles des sortes de romans plus ou moins moyenâgeux et de leur donner une signification politique...Il est clair que bien peu nombreux furent ceux qui, au cours des deux derniers siècles, se sont donné la peine d’étudier les rituels originaux et d’en comprendre le contenu initiatique.
Et pourtant! Ces rituels ont été conçus au milieu du XVIIéme siècle, à une époque où les pastorales, tant catholique que réformées, insistaient sur le péché et sur la damnation du plus grand nombre. Les Eglises, tant catholique que réformées, tenaient pour certaine l’historicité des Livres de l’Ancien Testament, au point que l’on pouvait, par leur étude, fixer l’heure et la date de la création du monde. Les Eglises, tant catholique que réformées, tenaient pour authentique une “image de Dieu “qui était celle d’un Juge implacable et vindicatif. Toutes “prêchaient l’enfer” avec son feu inextinguible torturant les damnés dans une éternité de souffrances.
Or ces rituels nous disent d’abord, que les Sidoniens qui coupèrent les arbres dont le bois servit à construire l’arche de Noé eurent des descendants et qu’ainsi la destruction de la race humaine par le Déluge n’a pas eu lieu, ensuite que Phaleg, l’architecte de la tour de Babel, s’est “sauvé” par son expiation et son humilité, c’est-à-dire par “ses oeuvres “, enfin que le serpent d’airain est une figure du Christ et que l’homme est sauvé s’il se tourne vers Lui. Finalement, les trois rituels contiennent une réfutation de la “pastorale de la terreur” qui retentissait alors dans les églises et dans les temples. Ils offraient aux récipiendaires une autre “image de Dieu “, celle d’un Père aimant et miséricordieux.